Qu’est-ce que la menace du stéréotype et comment la combattre?
La menace du stéréotype et l'effet Golem expliquent comment les résultats des filles diminuent en sciences.
Certains événements sont autoréalisateurs : on dit que les filles sont nulles en maths, alors inconsciemment, les filles réussissent moins bien en maths. Ce phénomène psychologique est aussi appelé effet Golem.
Une expérience qui mesure l’impact des stéréotypes
Qui n’a jamais entendu que les filles étaient nulles en maths ? Au milieu des années 90, une équipe de chercheurs a mis en place une expérience pour découvrir quel est l’impact de ce cliché. En effet, les chercheurs connaissaient de nombreuses femmes très douées en mathématiques et ce cliché ne leur semblait pas dépeindre la réalité.
C’est ainsi qu’en 1995, Claude Steele et Joshua Aronson ont demandé à deux groupes d’étudiants de passer le même test de mathématiques jugé difficile. Ces deux groupes d’étudiants étaient composés d’autant d’hommes que de femmes qui étaient tous très bons en mathématiques. Lors de la distribution du test de mathématiques (identique pour les deux groupes), il a été dit au premier groupe que la première partie du test faisait habituellement apparaître une différence de résultats entre les sexes et que les résultats de la deuxième partie étaient généralement équivalents entre les sexes. A l’inverse, il a été dit au deuxième groupe que c’est dans la deuxième partie qu’une différence de résultats apparaissait et pas dans la première partie. Voici les résultats :
- Premier groupe :
- Première partie du test : une différence de résultat entre les sexes a effectivement été constatée ;
- Deuxième partie du test : aucune différence significative entre les sexes n’a été constatée.
- Deuxième groupe :
- Première partie du test : aucune différence significative entre les sexes n’a été constatée ;
- Deuxième partie du test : une différence de résultat entre les sexes a effectivement été constatée
Une faible attente donne un faible résultat
Alors même qu’il n’a pas été dit quel sexe réussissait mieux le test, ce sont systématiquement les femmes, et pas les hommes, qui ont moins bien réussi la partie du test où il leur a été dit qu’une différence de résultat entre les sexes était habituellement constatée. Ainsi, parce que les femmes qui participent au test savent, à cause des clichés, qu’il est attendu d’elles qu’elles réussissent moins bien, elles font en sorte de moins bien réussir. Voici l’effet Golem et la menace du stéréotype réunis dans toute leur splendeur !
Les étudiantEs échouent davantage à la partie du test où on leur a dit qu’il y aurait une différence de résultats parce qu’elles avaient en tête le cliché selon lequel « les filles sont nulles en sciences ». En l’absence de modèles contraires auxquels s’identifier à cause de l’Effet Matilda, les filles s’auto-convainquent d’être nulles en sciences et se sabordent inconsciemment pour que le cliché leur corresponde : « Je suis une fille, les filles sont nulles en sciences, donc je suis nulle en sciences. CQFD. C’est comme ça, je n’y peux rien ».
Il a été démontré que la menace du stéréotype est déclenchée par des éléments anodins. Même si elle ne croit pas au cliché de la « fille nulle en sciences », une étudiante qui devra cocher une case « femme » au début d’un test de mathématiques, ou une étudiante qui verra qu’il y a plus d’hommes que de femmes dans la pièce où elle passe le test sera dans une condition mentale qui diminuera ses résultats au test.
Tout ce qui est de nature à rappeler à une femme qu’elle appartient au sexe qui, selon un cliché réussirait le monis, aura pour effet de diminuer ses résultats au test en question.
La menace du stéréotype fonctionne avec tous les préjugés
Il a également été prouvé que les clichés négatifs diminuent les performances des personnes visées par ce cliché. La menace du stéréotype se vérifie donc aussi dans les cas suivants :
- Les femmes et les mathématiques
- La classe sociale et l'intelligence
- Les personnes âgées et la mémoire
- Les hommes et la sensibilité sociale
- Les hommes et les informations affectives
Les solutions pour combattre la menace du stéréotype
Pour contrer l’effet du cliché des filles nulles en maths, il faut que votre fille ait une bonne confiance en soi et elle doit savoir que ses capacités ne dépendent pas de son sexe mais de ses efforts et de sa vision de l'échec.
Vous devez aussi montrer des modèles de femmes scientifiques à votre fille ! Ce n’est qu’en comprenant que le cliché des filles nulles en maths et en sciences est faux, que les filles arriveront à se détacher de ce qui est attendu d’elles. Elles pourront alors montrer leur vraie performance et leurs réelles capacités sans être limitées inutilement.
Pour vous faciliter la tâche, nous vous avons préparé une liste de livres pour enfants sur les femmes scientifiques.
Au fait...
Saviez-vous que dès l'âge de 6 ans, la plupart des filles pensent être moins intelligentes que les garçons?
C'est le résultat d'une enquête menée par des chercheurs en 2017.