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Quel est l’impact de l’Effet Matilda sur les filles?

L'Effet Matilda fait croire aux filles qu'elles ne sont pas douées pour les sciences

L’effet Matilda a de nombreuses répercussions sur la vision du rôle de la femme dans les sciences.

L'Effet Matilda prive les filles de modèles de femmes scientifiques

En attribuant systématiquement les succès et découvertes scientifiques à des hommes alors que certains résultent du travail de femmes, l’Effet Matilda crée l’illusion qu’il n’existe pas de femmes scientifiques. Les femmes seraient reléguées au rôle d’assistante de recherche et ne seraient pas à l’origine de découvertes dignes du Prix Nobel. Cela est évidemment faux mais c’est l’image qui est entretenue par l’Effet Matilda.

Cette image de l’absence de femmes dans la sphère scientifique est répliquée dans la vie réelle avec des implications bien réelles dans la vie des filles : les boites de jeux scientifiques sont toujours illustrées avec des garçons, les ouvrages scolaires ne rectifient jamais l’Effet Matilda et continuent d’attribuer les succès scientifiques des femmes à leurs collègues masculins, la plupart de la littérature enfantine ne présente pas de femme scientifique, idem pour les programmes pour enfants à la télévision.

Les filles grandissent sans avoir le moindre modèle de réussite féminin dans l’univers des sciences, alors qu’ils existent !

Pour qu’une fille soit libre et ait le sentiment de pouvoir devenir une grande scientifique et développe tout son potentiel, elle doit pouvoir voir d’autres femmes accomplir des exploits scientifiques. Or l’Effet Matilda empêche les filles d’avoir ces modèles. Une fille ne peut pas devenir ce qu’elle ne voit pas et elle a besoin de modèles et d’exemples pour se projeter et identifier ses capacités en sciences.

Les filles ne sont pas moins bonnes en sciences que les garçons

Cette absence de modèles en sciences (et dans toutes les matières où les contributions des femmes sont invisibilisées) a conduit au cliché selon lequel les filles seraient moins douées en sciences que les garçons. Alors que de nombreuses études ont prouvé que les filles et les garçons avaient les mêmes facultés cognitives, ce cliché a la peau dure.

Il est désormais connu que si certaines filles ont plus de difficultés en sciences que certains garçons, c’est parce qu’elles n’ont pas reçu les mêmes opportunités d’apprentissage. En effet, les « jouets pour filles » ont notamment cet effet pervers de ne pas permettre aux enfants qui y jouent (les filles en priorité) de développer leur capacités analytiques, spatiales et mathématiques. C’est aussi de là que vient le cliché de la fille nulle en sciences : elle est rendue moins bonne que les garçons à cause de l’éducation qu’elle reçoit et de l’absence d’apprentissage similaires. Ce n’est pas Dame Nature qui est à l’œuvre et qui a fait certaines filles moins bonnes en sciences que certains garçons, c’est Dame Culture.

Par ailleurs, l'école dissuade les filles de s'orienter dans les filières et les métiers scientifiques, alors que leur résultats le leur permettent. Cela conduit à une absence de mixité dans les métiers scientifiques.

La menace du stéréotype pour les filles en sciences 

Ce cliché de la fille moins bonne en sciences est largement diffusé par la société et il a un réel impact sur la façon dont les filles appréhendent les sciences. Cet impact a été théorisé sous le nom de la « menace du stéréotype ». 

Au milieu des années 1990, une équipe de chercheurs a demandé à deux groupes d’étudiants de passer le même test de mathématiques jugé difficile. Ces deux groupes d’étudiants étaient composés d’autant d’hommes que de femmes qui étaient tous très bons en mathématiques. Lorsque le test de mathématiques (identique pour les deux groupes) est distribué, il est dit au premier groupe que la première partie du test fait habituellement apparaître une différence de résultats entre les sexes et que les résultats de la deuxième partie sont généralement équivalents entre les sexes. A l’inverse, il est dit au deuxième groupe que c’est dans la deuxième partie qu’une différence de résultats apparaît et pas dans la première partie. Voici les résultats :

  • Premier groupe : 
    • Première partie du test : une différence de résultat entre les sexes a effectivement été constatée ;
    • Deuxième partie du test : aucune différence significative entre les sexes n’a été constatée.
  • Deuxième groupe : 
    • Première partie du test : aucune différence significative entre les sexes n’a été constatée ;
    • Deuxième partie du test : une différence de résultat entre les sexes a effectivement été constatée

Alors même qu’il n’a pas été dit quel sexe réussissait mieux le test, ce sont systématiquement les femmes, et pas les hommes, qui ont moins bien réussi la partie du test où il leur a été dit qu’une différence de résultat entre les sexes était habituellement constatée. 

C’est l’effet que produit la menace du stéréotype : les étudiantEs échouent davantage à la partie du test où on leur a dit qu’il y aurait une différence de résultats parce qu’elles avaient en tête le cliché selon lequel « les filles sont nulles en sciences ». En l’absence de modèles contraires auxquels s’identifier à cause de l’Effet Matilda, les filles s’auto-convainquent d’être nulles en sciences et se sabordent inconsciemment pour que le cliché leur corresponde : « Je suis une fille, les filles sont nulles en sciences, donc je suis nulle en sciences. CQFD. C’est comme ça, je n’y peux rien ».

Les choix d'orientation des filles ne sont pas libres et elles choisissent un métier "féminin" par défaut

L’action combinée de l’Effet Matilda et de la menace du stéréotype a tendance à guider les choix d’orientation scolaire des filles et de les éloigner des filières scientifiques. Ce n’est pas un hasard si les filles représentent 75 % des effectifs dans les filières littéraires de l’enseignement supérieur (Source ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche). 

Dès 15 ans, les jeunes filles sont déjà victimes du cliché des « métiers de femmes » et des « métiers d’hommes » : bien que les élèves des deux sexes aient de bons résultats en sciences, on note des différences dans les carrières envisagées sur la seule base du sexe. En effet, seulement 17% des filles envisagent une carrière d’ingénieur, contre 33% des garçons et 28% des filles se projettent dans un métier lié aux services à la personne contre seulement 13% des garçons (source note d’information n°19.50, décembre 2019, Depp).

Selon l’étude intitulée « Filles + sciences = une équation insoluble ? Enquête sur les classes préparatoires scientifiques », même si leurs résultats le leur permettent, les filles ne s’orientent pas vers les filières scientifiques car elles anticipent d’être découragées de poursuivre un parcours scientifique qui est connoté masculin. 

Du fait de l’Effet Matilda et de la menace du stéréotype, les filles s’orientent donc, par défaut en délaissant les filières scientifiques et en se destinant à des professions qui ne les font pas rêver.

 

Au fait...

Saviez-vous que dès l'âge de 6 ans, la plupart des filles pensent être moins intelligentes que les garçons?

C'est le résultat d'une enquête menée par des chercheurs en 2017.

Les petites filles manquent bien souvent de confiance en elles: découvrez comment révéler le potentiel de votre enfant.

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