Y a-t-il des métiers de femmes et des métiers d'hommes?
Les femmes et les hommes ont les compétences pour faire les mêmes métiers.
Dans un monde idéal, chaque enfant pourrait choisir d’exercer le métier de ses rêves en fonction de ses capacités. Malheureusement, l’idée qu’il existe des métiers « d’hommes » et des métiers « de femmes » est encore trop présente. Pourtant, les compétences des enfants ne sont pas déterminées par leur sexe, mais c’est bien leur sexe qui sera pris en compte lors du choix de leur métier.
La plupart des métiers et des filières scolaires ne sont pas mixtes
En 2018, seulement 17% des métiers étaient mixtes et avec la pandémie, cela ne s’est pas arrangé. Par exemple, en 2017, 10% des diplômés en ingénierie, manufacture et construction sont des femmes, alors qu’elles sont 91% en santé et social.
Même dans une même famille de métier comme les sciences de gestion, il existe des métiers « féminins » car ils sont majoritairement effectués par des femmes, comme les RH, et des métiers « masculins » car ils sont majoritairement effectués par des hommes, comme la finance.
Au lycée, 81% des effectifs dans les filières santé-social sont des filles et 79% des effectifs dans les filières des sciences de l’ingénieur sont des garçons. Même dans une même filière comme la terminale S (avant la réforme du bac) le choix de la spécialité en 2019 est différent pour les filles et pour les garçons :
- 51% des filles choisissent la SVT contre seulement 27% des garçons ;
- Les garçons sont 18% à choisir les sciences de l’ingénieur contre seulement 4% des filles.
Cela a évidemment un impact dans l’orientation de l’enseignement supérieur car sur la plate-forme Parcoursup, 9 candidats sur 10 dans les spécialités de sciences sanitaires et sociales sont des femmes quand les garçons représentent 85 % des effectifs dans les filières de génie civil, électronique et informatique.
Il n’y a pas de mal à ce qu’une fille choisisse un métier du soin ou des services à la personne du moment qu’elle a librement fait ce choix et qu’il n’a pas été contraint par une orientation par dépit. Les statistiques interrogent tout de même sur le réel choix offert aux enfants pour leur orientation et l’école perpétue cette absence de choix éclairé.
Les compétences ne sont pas la raison du manque de mixité : l’orientation des jeunes est en panne
Les parcours des enfants diffèrent en fonction du sexe dès les premiers choix d’orientation car à la fin de la classe de troisième, les filles s’orientent plus vers les filières sociales et littéraires alors que leurs résultats leur permettent d'accéder aux filières scientifiques. Par ailleurs, les garçons sont plus orientés dans les filières professionnelles alors que de nombreuses femmes regrettent aujourd’hui d'en avoir été détournées tant et si bien qu’elles se réorientent vers les filières du BTP, de la boulangerie ou de la logistique à l’âge adulte.
Ce biais d’une orientation scolaire sexiste, car elle est fondée sur le sexe des élèves plutôt que sur leurs capacités et leurs souhaits professionnels, semble exister dès l’école primaire car les filles sont encouragées en langues et les garçons en sciences.
Le 29 août 2021, France 2 a consacré la deuxième partie de son journal de 20h au portrait de Marion Poitevin que vous pouvez découvrir ici. Le reportage de France 2 met en lumière une jeune femme de 18 ans que Marion accompagne en haute montagne pour devenir première de cordée. Cette jeune fille dit regretter que sa conseillère d’orientation scolaire ne lui a jamais parlé des métiers de secouriste en haute montagne ou de guide de haute montagne. Serait-ce parce que seulement 2% des guides haute montagne sont des femmes ? Ce sont des initiatives privées menées par Marion, comme Lead The Climb, qui pallient les défauts de l’orientation scolaire institutionnelle.
Ainsi, c’est bien un défaut d’orientation et non pas un manque de compétences qui classent les enfants dans des filières selon leur sexe.
La faute de l’école et des stéréotypes
Si quasiment tout le monde s’accorde à dire que les filles et les garçons ont les même capacités, ces discours s’étiolent lorsque ces capacités sont ramenées au monde du travail. Qui n’a jamais entendu dire que le métier de pompier était trop physique pour les filles ou que les filles n’avaient pas suffisamment « d’autorité naturelle » pour être cheffe de chantier ? Qui n’a jamais entendu dire que les garçons n’étaient pas assez doux pour être assistants maternels, infirmiers ou esthéticiens ? Ces clichés font le lit des problèmes de confiance en soi des filles et de leur peur de l'échec, mais en tant que parents, vous pouvez aider à les surmonter en mettant en oeuvre nos conseils pratiques sur le sujet.
Ces clichés des métiers masculins ou féminins sont renforcés par l’institution de l’École qui encourage les filles à développer les qualités « féminines » : calme, travaux soignés, passivité, docilité, coopération, empathie, conformité aux attentes, finesse, minutie, rejet de la confrontation. Ces qualités qui leur sont enseignées tout au long de leur scolarité sont également celles qui seront nécessaires pour exercer les métiers « réservés » aux filles. Idem pour les garçons mais eux sont encouragés à développer les qualités « masculines » qui seront nécessaires pour les métiers « d’hommes » : confiance en soi, audace, sens de la confrontation, leadership et compétitivité.
C’est donc ainsi que l’école, aidée des clichés et d’une orientation défaillante, va diriger les enfants vers des métiers qui semblent « faits pour leur sexe » car elle aura fait en sorte de leur enseigner des compétences différentes.
Combattre les clichés
Il faut lutter contre tous les clichés et les stéréotypes qui conduisent à une segmentation des métiers entre hommes et femmes car non, il n’existe pas de métiers d’hommes, ni de métiers de femmes.
Au fait...
Saviez-vous que dès l'âge de 6 ans, la plupart des filles pensent être moins intelligentes que les garçons?
C'est le résultat d'une enquête menée par des chercheurs en 2017.