Que faire si mon enfant s'ennuie à l'école?
L'ennui n'est pas toujours la marque des enfants surdoués et il peut cacher d'autres sentiments. Voici comment le découvrir et les solutions.
Votre enfant dit qu’il s’ennuie à l’école. Vous pensez comprendre ce qu’il veut dire mais attention, le terme « ennui » utilisé par votre fille ou votre fils peut avoir une signification très différente de celle que vous avez. Quand votre fille dit qu’elle «s’ennuie» elle utilise un terme générique pour définir des situations qui peuvent être en réalité bien plus complexes.
L’ennui à l’école peut cacher d’autres problèmes
Au vu du grand nombre d’enfants déclarant «s’ennuyer à l’école» des chercheurs se sont penchés sur la question pour savoir ce que les enfants entendent par là. Michael Furlong et ses collègues ont découvert qu’un collégien sur 8 qui «s’ennuie à l’école» a en réalité un sentiment très défavorable envers l’école qui est plus profond que le simple «ennui». Si votre fille dit qu’elle «s’ennuie» à l'école, c’est peut-être le signal d'un état d'esprit, de situations ou d'un défi émotionnel plus profond. Les sentiments pour l’école que les enfants apparentent à de l’ennui peuvent être :
- un problème dans une matière ou les exigences du professeur (être trop stimulée)
- un besoin de plus de défis ou de nouvelles sources de stimulation (être insuffisamment stimulée)
- un intérêt ou une motivation limités pour un sujet particulier
- une inadéquation entre les capacités de l'élève et les compétences requises pour accomplir une tâche
- une impression que ce qui est enseigné est de faible valeur ou ne sert à rien
- un désengagement et une insatisfaction
- de l’impuissance et/ou de la tristesse
- de la dépression, anxiété ou apathie
Quand votre fille dit qu’elle s’ennuie à l’école, elle est peut-être en réalité en train d’éprouver un ou plusieurs de sentiments ci-dessus.
Vérifiez si l’ennui de votre enfant à l’école est passager ou permanent
Il est important que vous distinguiez si l’ennui de votre fille à l’école est temporaire (ce cours/ce sujet/cette situation est ennuyeux) ou s’il s’agit d’un état plus permanent (un schéma général d'ennui à l'école et dans la vie). Cette distinction est importante car, dans leur étude, les chercheurs ont découvert que l’état d’ennui permanent est associé à un faible bien-être et à un désengagement scolaire. Les élèves qui appartiennent à cette catégorie sont plus susceptibles de se dire moins satisfaits de leur vie, moins attachés à l'école et moins dotés d'atouts socio-émotionnels comme la confiance en soi. L'une des solutions est d'aider votre enfant à reconstruire sa confiance en soi.
Evaluez si l’ennui de votre enfant à l’école ne cache pas un problème plus profond
Si vous soupçonnez que «l’ennui» de votre enfant est le signe d'un problème chronique qui affecte son bien-être et sa confiance en soi, vous devez évaluer la gravité du problème:
- Ne supposez pas que vous savez ce que « je m’ennuie » signifie dans la bouche de votre enfant. Posez des questions ouvertes comme « Explique-moi ce que tu entends par "ennuyeux"? » Ou dites simplement : « Dis-m'en plus »;
- Découvrez si le sentiment d’ennui est temporaire ou permanent en demandant à votre enfant si c’est un problème «tout le temps à l‘école» ou juste «parfois », ou « Y a-t-il des moments pendant la journée où tu ne t'ennuies pas ? »;
- Pour savoir s'il s'agit d'un problème récent, demandez-lui quand l’école a commencé à être ennuyeuse. En général, les enfants déclarent s’ennuyer à un moment où les cours sont devenus plus difficiles ce qui indique que «l’ennui» est un mécanisme de protection (il est plus facile de dire que quelque chose est ennuyeux que de dire que c'est trop difficile). Si c’est le cas pour votre enfant, mettez en place les solutions préconisées dans ces articles : aidez votre enfant à ne pas craindre l’échec et donnez le goût de l'effort à votre enfant.
En plus des réponses de votre enfant, n’oubliez pas d’analyser sa communication non-verbale : la façon dont il se tient (bras croisés ou détendu) ou s’il vous fuit du regard. Si ses mots ne correspondent pas à son attitude, continuez de poser des questions.
Par ailleurs, n’occultez pas le comportement de votre enfant: des plaintes répétées à propos de l'école, la tête sur le bureau, l'absentéisme ou le désengagement. Ces comportements peuvent traduire l’existence d'autres problèmes émotionnels et il est possible que «je m'ennuie» ne soit pas une cause d'inquiétude en soi, mais un indice sur un sentiment négatif fort à l'égard de l'école et de la vie en général. Ces comportements, si vous les détectez, peuvent justifier d’avoir recours à un professionnel de la santé mentale en milieu scolaire.
Les solutions pour votre enfant qui s’ennuie à l’école
Si l'ennui à l’école de votre enfant est un état passager ou superficiel, vous pouvez lui expliquer que l’ennui n’est pas une émotion négative à éviter à tout prix mais une émotion naturelle que nous éprouvons tous de temps à autre. Expliquez-lui que l'ennui peut même avoir des effets positifs, comme favoriser la créativité et la résolution de problèmes, et renforcer la capacité d'un élève à persévérer face à une tâche. En effet, vos conversations sur l'ennui avec votre enfant peuvent être un moyen de lui parler de motivation et des stratégies d’adaptation qu’il doit mettre en place si son effort ne suffit pas à atteindre un objectif.
Si l’ennui de votre enfant est provoqué par des difficultés dans un apprentissage (elle ne pensait pas qu’apprendre à lire serait si long et lui demanderait tant d’efforts), vous devez lui expliquer qu’apprendre ça s’apprend. L’apprentissage est avant tout constitué de tentatives, d’échecs, de nouvelles tentatives en changeant sa stratégie d’apprentissage, de nouveaux échecs et ainsi de suite… jusqu’à la réussite ! Dîtes à votre enfant que ce processus est normal et qu’il n’y a pas de honte à échouer ou à fournir des efforts. Il peut aussi être bénéfique de redonner de l’autonomie à votre enfant dans ses apprentissages car il est toujours plus valorisant de réussir quelque chose par soi-même. Ne lui mettez pas trop la pression en vérifiant ce qu’il fait, dîtes-lui que vous lui faîtes confiance tout en restant disponible s’il a des questions. Essayez les phrases comme «Je te fais confiance, si tu me dis que tu as réussi cet exercice, je te crois. Si tu as du mal à comprendre quelque chose, je suis là pour t’aider».
Si votre enfant s’ennuie parce qu’il trouve que ce qu’il apprend ne sert à rien ou n’est pas intéressant, demandez-lui de trouver un moyen de rendre ses devoirs plus intéressants. Peut-elle faire un exercice plus dur ? Peut-il trouver un moyen de mettre en pratique ce qu’il a appris à l’occasion d’une promenade en forêt, en cuisinant, en bricolant ? Poussez la curiosité de votre enfant et ne trouvez pas les réponses pour lui. Un enfant s’ennuiera moins s’il trouve de l’intérêt à un apprentissage: entendre à quoi servent les fractions ou un tournevis est plus ennuyeux que d’utiliser les fractions pour suivre une recette de gâteau ou d’utiliser un tournevis pour changer les piles du radio-réveil.
En revanche, si l'ennui est le symptôme d'un problème plus profond, le simple fait de parler avec bienveillance de son «ennui» avec votre enfant a un effet bénéfique. Des recherches ont démontré que le d'avoir une conversation empathique et d'essayer de comprendre le point de vue de son enfant peut renforcer sa résilience et l'inciter à demander de l'aide. Si vous détectez un problème plus profond, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un médecin.
La force de l’exemple
Pour que votre enfant se sorte de son «ennui» ou en tire des bénéfices en rêvassant, montrez-lui le bon exemple. Il y a des situations où les parents s’ennuient aussi, c’est l’occasion de montrer à votre enfant que l’ennui vous permet de réfléchir, de laisser votre esprit vagabonder. Ne cherchez pas à toujours avoir l’esprit occupé, la méditation est un exercice formidable pour cela, et elle peut se pratiquer en famille. Montrez aussi à votre enfant que vous êtes patient avec vous-même lorsque vous apprenez de nouvelles choses et que vous essayez de les mettre en pratique ou de rendre l’apprentissage plus intéressant.
Au fait...
Saviez-vous que dès l'âge de 6 ans, la plupart des filles pensent être moins intelligentes que les garçons?
C'est le résultat d'une enquête menée par des chercheurs en 2017.