Comment motiver votre enfant à persévérer dans une activité difficile?
Aidez votre enfant à ne pas abandonner une tâche difficile.
Il peut souvent arriver que votre enfant refuse de continuer à faire du piano ou du foot parce qu’il ou elle trouve ça trop dur. Voici comment faire pour aider votre enfant à persévérer dans les tâches difficiles.
S’entraîner ne suffit pas à être doué, il faut le faire de la bonne manière
La plupart des gens, y compris les enfants, s’entraînent en utilisant une « pratique superficielle ». Cela consiste à faire et refaire, parfois pendant de nombreuses heures ce que nous savons déjà faire ou qui est peu difficile. Généralement, il en résulte un niveau de succès moyen car l’entraînement cesse d’être un travail et devient un réflexe. C’est pourquoi notre pratique quotidienne de la cuisine ou de la conduite automobile ne fait pas nous des chefs 3 étoiles, ni des pilotes de course. Notre pratique superficielle nous permet de maintenir une compétence sans parvenir à l’expertise.
Qu’est-ce que la pratique délibérée?
La « pratique délibérée » est une technique bien étudiée par les scientifiques qui permet de travailler une compétence dans le but de l’améliorer dans un futur plus ou moins proche. Des recherches indiquent que les enfants qui s'y adonnent améliorent leurs résultats scolaires et leurs capacités motrices.
Selon la chercheuse Lauren Eskreis-Winkler et ses collègues, la pratique délibérée repose sur quatre principes :
- Travailler sur les faiblesses : l’entraînement doit se concentrer sur les choses difficiles. Par exemple, l’entraînement de piano de votre enfant sera plus efficace s’il rejoue la partie qui lui pose problème, plutôt que les parties qu’il connait bien
- Concentration totale : les distractions comme le bruit ou les réseaux sociaux doivent être bannis
- Retour d'information : la pratique délibérée consiste à demander à une personne plus experte quelles sont les erreurs commises et comment les résoudre à l’avenir
- Répétition jusqu'à la maîtrise
Les avantages et les inconvénients de la pratique délibérée
La pratique délibérée permet de s’améliorer plutôt que de stagner à un niveau de compétence de base. Le revers de la médaille est que cette pratique est beaucoup moins agréable que la pratique superficielle car elle nécessite d’échouer (souvent), ce qui peut créer des frustrations.
La pratique délibérée est difficile à instaurer chez les enfants de moins de 5 ans car, avant cet âge un enfant n’a pas de prévoyance épisodique, c’est-à-dire qu’il n’a pas la capacité d'imaginer les conséquences dans l'avenir de ses actions. Il n’arrive pas à se projeter et à comprendre que son entraînement d’aujourd’hui aura des conséquences sur ses réussites de demain. Or, comme la pratique délibérée nécessite d’échouer avant de constater ses progrès, l’enfant n’y voit pas d’intérêt car il ne constate aucune amélioration à très court terme.
Plutôt que de féliciter votre enfant quand il réussit facilement quelque chose, vous pouvez l’encourager à imaginer la fierté qu’il ressentira lorsqu’il arrivera à faire le puzzle sur lequel il bloque depuis plusieurs jours.
Expliquez à votre enfant ce qu’est la pratique délibérée et ce qu’elle implique
La chercheuse Lauren Eskreis-Winkler et ses collègues ont démontré que la pratique délibérée pouvait être encouragée chez les enfants en leur faisant lire des textes comme cette courte citation d’un autre élève : « Je pensais que les enfants qui étaient bons en fractions étaient plus intelligents que moi. Mais depuis que je me suis mis à travailler dur et à m’entraîner à fond sur les fractions, je suis capable d’en résoudre autant que les autres enfants ». Ce texte, parmi d'autres, a motivé les élèves à exercer une pratique délibérée et ils ont tous augmenté leur moyenne générale.
Vous pouvez mettre en œuvre concrètement la pratique délibérée à la maison en expliquant à votre enfant ce que c’est et ce à quoi il doit s’attendre: de la difficulté, des échecs et de la frustration, de la concentration et de la régularité mais aussi de formidables progrès ! Rappelez-lui que ses idoles (chanteur, sportif, acteur) ont fait face à de nombreux échecs et qu’ils n’ont pas abandonné pour autant mais ils ont intensifié leurs efforts.
Aidez votre enfant à se fixer de petits objectifs
Ces objectifs ne doivent pas être trop faciles mais atteignables dans un laps de temps acceptable. Les objectifs ambitieux découragent car ils nécessitent énormément de travail avant de les atteindre tandis que si un gros objectif est fractionné en de petits objectifs, cela permet de constater des résultats réguliers. Par exemple, votre enfant ne doit pas se fixer comme objectif d’être une meilleure joueuse de foot. Elle doit se fixer toute une liste d’objectifs à atteindre les uns après les autres: gagner 2 secondes de vitesse à la course, réussir à systématiquement faire atterrir la balle dans un cercle dessiné au sol, dribler sans tomber, etc. A chaque objectif réussi, elle éprouvera une sensation de fierté qui l’encouragera à atteindre l’objectif suivant.
Le plus efficace est évidemment de fixer des objectifs pour améliorer des faiblesses et pas pour améliorer des aspects dans lesquels votre enfant a déjà un certain niveau de réussite.
Mesurez les progrès de votre enfant et faites-lui un retour d’information
Comment savoir si votre fille a gagné 2 secondes à la course si elle ne sait pas quel était son temps au départ? Ecrivez sur un carnet ou un tableau le point de départ ainsi que les objectifs visés.
Privilégiez des objectifs quantifiables avec des unités de mesures courtes comme des secondes ou des millimètres car cela permet de scinder les objectifs. Sauter 1 cm plus haut peut faire l’objet des deux objectifs distincts : d’abord sauter de 5 millimètres plus haut, puis encore de 5 millimètres. Cela vaut aussi pour l’écriture ou la lecture : fixez avec votre enfant un nombre de lignes (ou de mots) à lire ou à écrire plutôt qu’un nombre de pages. Idem pour la musique : fixez un nombre de notes à connaître plutôt qu’un morceau en entier. Plus il y aura d’objectifs, moins il y aura de périodes sans réussite.
Il est également crucial que votre enfant obtienne un retour d’information régulier de votre part ou alors de ses professeurs ou entraîneurs. Votre enfant doit savoir quelles sont les faiblesses qu’il doit travailler et dans quels domaines il s’est amélioré.
Encouragez votre enfant à être régulier pour que l’entraînement devienne une habitude
Il n’est pas agréable de se casser les dents sur les mêmes difficultés jour après jour mais la pratique délibérée n’est efficace que parce que votre enfant persévère dans une tâche. Expliquez à votre enfant qu’il doit prendre l’habitude de s’entraîner un certain temps tous les jours pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. En faisant de l’entraînement une habitude, cela deviendra de moins en moins une contrainte mais un réflexe, comme pour tous les grands sportifs : même s’ils n’ont pas envie de s’entraîner, ils le font quand même car cela est devenu un automatisme et c’est la raison pour laquelle ils réussissent.
Afin de créer cette habitude, vous pouvez organiser une routine autour de l’entraînement: d’abord prendre un goûter, puis se mettre au calme pendant 5 minutes, ensuite s’entraîner à proprement parler pour finir avec une « récompense », comme faire un jeu amusant ou manger un carré de chocolat (seulement si l’entraînement a eu lieu).
Privilégiez un entraînement bref mais intense
L’une des conditions de la pratique délibérée efficace est l’absence de distraction et une concentration à 100%, bannissez donc la télévision allumée, le frère ou la sœur qui joue à côté, les jouets, etc. Le cerveau n’est pas fait pour rester à ce point concentré trop longtemps et c’est pourquoi l’entraînement doit être intense mais bref. Il est inutile de s’entraîner au piano tout un après-midi alors que 20 minutes par jour en étant pleinement concentré seront plus efficaces.
La force de l’exemple
Enfin, nous ne le diront jamais assez mais la force de l’exemple est primordiale. Si vous voulez que votre enfant ait une pratique délibérée, vous devez lui montrer l’exemple. Elle doit voir la régularité avec laquelle vous vous entraînez pour atteindre vos objectifs, comment vous vivez l'échec au quotidien et comment vous tolérez la frustration de ne pas atteindre un objectif tout de suite. Demandez à votre enfant de noter vos améliorations et demandez-lui de vous faire un retour d’information sur vos faiblesses et comment vous pouvez les améliorer. Cela peut concerner la cuisine, le bricolage ou votre envie d’apprendre une nouvelle compétence par exemple.
Une pratique délibérée ne garantira peut-être pas à votre enfant une médaille d'or aux Jeux olympiques, mais elle peut améliorer ses performances et lui permettre de donner le meilleur de lui-même.
Au fait...
Saviez-vous que dès l'âge de 6 ans, la plupart des filles pensent être moins intelligentes que les garçons?
C'est le résultat d'une enquête menée par des chercheurs en 2017.