Podcast avec Séverine Jean: Plus Tard Je Serai Carreleuse Meilleure Ouvrière de France
Découvrez Séverine et ses conseils qui vous aideront à conquérir le métier de carreleuse mais aussi à réussir dans tout ce que vous entreprenez! Cette ancienne athlète est tellement fascinée par son métier qu'elle a tout fait pour aller au sommet de la profession en devenant la seule femme carreleuse Meilleure Ouvrière de France après seulement 2 ans d'expérience.
Résumé du podcast
00:15 Présentation de Séverine qui explique qu'avant de devenir carreleuse elle était démonteuse automobile dans la casse auto familiale. Ses parents qui ont donné le choix entre faire la comptabilité dans les bureaux où être sur le parc à démonter les voitures. Elle a choisi le démontage de voitures sans hésitation. A l'âge de 30 ans, Séverine explique avoir eu le coup de foudre pour le métier de carreleur en voyant un carreleur travailler chez ses parents.
1:59 Concours de meilleure ouvrière de France: Séverine explique les différentes étapes du concours de meilleur ouvrier de France et en quoi les épreuves sont très exigeantes. Elle a tenté le concours alors qu'elle n'avait que 2 ans d'expérience quand la plupart des candidats en ont au moins 15. Séverine explique qu'elle ne savait pas vraiment en quoi consistait le concours et elle voulait essayer pour s'amuser au départ. Quand elle a réussi les qualifications et qu'elle a réalisé qu'elle était la seule femme sélectionnée sur 63 candidats et qu'ils avaient tous de nombreuses années d'expérience, elle s'est dit que la phase finale serait très dure. En s'inscrivant, Séverine avait pour seul objectif de s'amuser à réussir le concours. Quand elle a demandé l'inscription par téléphone, ils ont dit qu'ils n'avaient jamais vu de femme carreleur. Elle leur a répondu qu'elle recommencerait autant de fois qu'il faudrait.
6:08 Gestion des échecs La facilité n'a pas d'intérêt: Séverine explique qu'elle n'est pas attirée par la facilité. Quand elle a un objectif, elle se conditionne dessus et plus rien d'autre n'existe.
7:08 Les préjugés des hommes: Beaucoup d'hommes qui voient arriver Séverine sur un chantier craignent que les délais ne soient pas tenus. Dans ces situations, Séverine restait de marbre. Cela la faisait sourire. Elle fait son travail et reste concentrée. Elle sourit face aux remarques moqueuses. Quand elle sent que les hommes (clients ou ouvriers) sur le chantier sont trop mal à l'aise elle remue le mortier à la pelle, ce qui est très exigeant physiquement, elle les regarde et leur dit que tout va bien se passer. A la fin ils lui serrent la main et lui disent félicitations.
9:08 Passer le concours MOF en tant que femme: Lorsque Séverine s'est présentée au concours de meilleur ouvrier de France, les organisateurs ont pensé à deux reprises qu’il s’agissait d’une blague. La première fois quand elle leur a dit qu'elle était une femme. Et la deuxième fois quand elle leur a dit qu'elle n’avait que 2 ans d’expérience. Malgré ces moqueries et ces barrières, Séverine a insisté. C'était facile pour elle car elle venait d'un milieu d'hommes qu'elle connaissait bien. Elle explique que lorsqu'elle concourrait en moto cross et qu'elle était la seule femme au départ de la course, elle se bandait la poitrine pour que les hommes ne voient pas qu'elle était une femme et ne lui fassent pas de mauvais tour. Plusieurs fois, elle a déjà eu ses pneus crevés par d'autres concurrents juste avant le départ. Cela l'a endurcie. Séverine a dit devant le Sénat que les portes, il ne fallait pas les ouvrir mais les défoncer. Séverine explique que le titre de MOF lui a donné une légitimité qu'elle n'avait pas à cause de son sexe. Elle a été très surprise de l'impact du titre de MOF sur son carnet de commande et de l'intérêt des médias, elle ne s'y attendait pas. Malgré son titre de MOF, Séverine convient qu'elle doit tout de même faire ses preuves devant certains clients ou ouvriers. Loin de l'épuiser, cela l'amuse. Elle les laisse parler puis leur annonce à la fin du chantier qu'elle est Meilleure Ouvrière de France.
14:20 Rester motivée: Le secret de Séverine pour rester motivée est de se fixer des objectifs. Chaque année elle se fixe un objectif à atteindre à la fin de l'année et c'est la perspective de cet objectif qui lui permet de se donner à 200% tout le temps. C'est pour cela qu'elle a changé de voie au bout de 12 ans de pratique et de pose de carrelage. Elle a rejoint une entreprise de carrelage pour faire du conseil clientèle car c'était l'un de ses objectifs: en commençant sa carrière, elle avait promis à son fils qu'elle se mettrait à son compte, qu'elle passerait le concours de MOF et qu'elle resterait à son compte pas plus de 12 ans.
19:12 Soutien de la famille et des proches. Séverine explique qu'au lieu de travailler dans la casse automobile de ses parents elle souhaitait devenir athlète dans le monde de la moto mais ses parents ne le lui ont pas permis parce qu'elle était une femme. Quand elle a décidé de devenir carreleuse elle n'a pas été soutenue par sa famille non plus qui ne lui a plus adressé la parole pendant 4 ans. C'est grâce au soutien de son mari qu'elle a pu continuer. C'est à force de voir des articles sur sa fille que le père de Séverine a fini par la recontacter. Elle explique que, même si ce n'est pas facile, il faut abattre les journées sans y penser et poursuivre sa passion quoi qu'il en coûte.
21:26 Compétition: Séverine aime la compétition car cela permet de s'améliorer et de faire les choses bien. Cela permet de voir à quel niveau on a progressé et s'il faut encore travailler et ça l'amuse énormément. Elle a accepté de participer à des compétitions d'une discipline qu'elle n'avait jamais encore essayée, juste pour s'amuser. Elle raconte la première fois qu'elle a fait du speedway (une discipline de motocross où les motards tournent sur un circuit sans frein) et à quel point cela lui a plu.
24:38 Prise de risques. Séverine adore les sports de vitesse et le motocross dont elle a été vice-championne de France lorsqu'elle était adolescente. Elle a eu énormément de blessures et de fractures. Elle a essayé des sports moins dangereux, la danse d'abord mais l'enseignante l'a gardée seulement 2 mois, puis elle s'est tentée au basket, sans grand succès, car elle gardait toujours la balle. A chaque fois il lui manquait toujours la montée d'adrénaline comme lorsqu'elle faisait de la chute libre ou du moto cross. Ces sports l'ennuyaient.
26:05 Le rôle des modèles. Séverine n'a jamais vécu comme un frein le fait de ne pas voir de femmes exercer ses activités que ce soit en tant que championne de moto cross ou carreleuse. Son envie de s'essayer à ces disciplines a suffi à la convaincre d'essayer même si aucune femme ne l'avait fait avant elle. Séverine insiste sur le fait qu'il ne faut pas se poser de questions et que si les femmes ont envie d'essayer des métiers et des sports, elles ne doivent pas se poser de question et y aller pour réaliser leurs rêves. Elle rappelle qu'elle se fiche du regard des autres et que sa vie lui appartient, donc elle fait ce qu'elle a envie de faire. Il faut foncer sans se poser de questions parce qu'il y aura toujours des gens pour décourager les femmes de faire ce qu'elles ont envie de faire.
32:03 Séverine explique comment elle a souvent inversé son prénom et son nom de famille (Jean) pour que les clients pensent qu'ils auront affaire à un homme et ainsi ne pas être freiné pour l'embaucher.
32:33 Séverine espère que les années où elle a formé de jeunes carreleurs ont aidé des filles à se projeter dans ce métier. Elle explique que pour encourager les filles à se lancer dans le BTP il faut les pousser à développer leur condition physique au travers du sport. Lorsqu'elle était à son compte, Séverine indique qu'elle portait entre 5 et 6 tonnes par jour. Les femmes peuvent le faire, elle en est la preuve, mais il faut se préparer physiquement. Elle rappelle que toutes les femmes ont la force nécessaire, il suffit de la travailler.
37:41 Malgré les clichés autour du physique des femmes travaillant dans le BTP, Séverine a les cheveux longs, une voix douce et porte du maquillage. Elle est l'exemple qu'on peut travailler dans le BTP tout en s'apprêtant comme on le veut.
39:29 Séverine explique qu'en tant que femme, elle a toujours été moins payée que ses collègues masculins pour le même travail. Jusqu'à son deuxième patron carreleur qui l'a félicitée pour son travail et lui a donné une augmentation. Séverine en a eu les larmes aux yeux car personne ne l'avait jamais félicitée pour son travail et elle n'avait jamais eu d'augmentation.
41:51 Qualités requises pour être carreleuse. Au-delà de la forme physique nécessaire qui peut s'acquérir, Séverine explique qu'il faut travailler son mental pour supporter les douleurs physiques liées au travail. Il faut également travailler sa minutie et ne pas compter ses heures si on veut progresser. Sévérine s'est d'ailleurs mise à son compte car sa journée de travail en tant que salariée ne lui suffisait pas pour progresser comme elle le voulait. Elle confirme que le travail permettait de devenir Meilleure Ouvrière de France, il n'y a pas de formule magique ou de talent caché. Il faut travailler et ça tout le monde en est capable, dans tous les domaines d'ailleurs. Séverine explique qu'il y aura de nombreux moments de déception avec la larme à l'oeil mais que dans ces moments il faut recommencer et garder espoir. Elle confie qu'elle a toujours plus progressé en commetant des erreurs.
44:00 Séverine nous dévoile qui elle souhaiterait voir interviewer dans le prochain épisode du podcast: Jeannie Longo. Elle admire son parcours à une période où il y avait très peu de femmes dans le monde du cyclisme