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Votre fille a le droit d'être en colère

La colère légitime de votre fille est un sentiment valide qu'il ne faut pas dévaloriser ou interdire.

Les enfants doivent apprendre à contrôler leurs émotions et à faire preuve de self-control. Toutefois, les filles et les garçons ne sont pas logés à la même enseigne concernant le self-control dont ils doivent faire preuve face à des émotions identiques. 

Le double standard de la colère entre les filles et les garçons

On s’attend à ce que les filles et les garçons réagissent différemment à un même évènement en fonction de leur sexe et pas en fonction de leurs intérêts, besoins, expériences ou valeur affective.

Dans certains cas les enfants doivent pouvoir laisser éclater leur colère car elle est justifiée, mais cela est plus mal vu chez les filles que chez les garçons. Par exemple, si une fille fait part de sa frustration, voire de sa colère face à une injustice, elle sera considérée comme manquant de self-control et traitée de folle ou d’hystérique. A l’inverse, un garçon qui aura la même réaction de colère face à l’arbitraire sera considéré comme un parangon de justice ou un sauveur.

N’essayez pas de trouver des arguments pour justifier le fait qu’une fille n’ait pas les mêmes réponses émotionnelles qu’un garçon car il n’en existe pas. Si vous pensez que : « Les filles montrent naturellement moins de colère et d’agressivité que les garçons parce que leur cerveau et leurs hormones sont différents du fait de l’évolution et de la répartition des tâches dans la préhistoire », nous vous invitons à télécharger notre ebook ici et à lire les lignes qui suivent.

Les filles ressentent les mêmes émotions que les garçons

Il existe un cliché très tenace selon lequel les femmes auraient naturellement plus d’empathie que les hommes. En réalité, ce cliché est auto-réalisateur. Ce n’est pas l’œuvre de Dame Nature mais plutôt celle de Dame Culture. Il a été prouvé que la capacité à éprouver de l’empathie dépend en partie d’un gène spécifique de l’ADN. Or, les personnes qui ont ce « gène de l’empathie » sont autant des femmes que des hommes (source: Translational Psychiatry, 12 mars 2018). La nature n’a donc rien à voir avec le niveau d’empathie supérieur des femmes.

Cette différence d’empathie entre les sexes résulte de la socialisation différenciée entre les filles et les garçons. Comme dans l’imaginaire collectif les femmes sont plus empathiques que les garçons, l’empathie est plus enseignée aux filles qu’aux garçons : les adultes adoptent une palette d'expressions plus large avec les filles, elles sont plus encouragées à discuter et à disséquer leurs émotions et leurs sentiments, il est plus souvent demandé à une petite fille d’être gentille avec les autres etc. Les filles apprennent donc à plus développer leur empathie que les garçons.

C’est la même chose pour la colère. Les filles ne sont pas naturellement moins souvent en colère que les garçons, mais à force d’être traitées d’hystériques lorsqu’elles relèvent une injustice, elles comprennent qu’elles ne doivent pas montrer cette émotion et elles la refoulent.

Ne dévalorisez pas la colère de votre fille

Vous pourriez vous dire: « C’est plutôt bien de contrôler sa colère, il faut continuer comme ça». Certes, il est important de savoir gérer ses émotions mais le problème réside dans le double-standard : un garçon aura plus le droit d’être en colère qu’une fille et cela restreint sa palette de choix émotionnels et tue son libre-arbitre. Ce double-standard est la raison pour laquelle une fille ne se rebellera pas face à un professeur qui l’aura notée injustement, à la différence d’un garçon qui fera valoir ses droits.

« Une société qui ne respecte pas la colère des femmes est une société qui ne respecte pas les femmes ». C’est avec ces mots prononcés lors d’un discours de conférence Ted que Soraya Chemaly explique très bien comment les instituteurs, les parents et la société en général façonne le self-control dont les filles doivent faire preuve. Elle prend l’exemple de sa petite fille dont le château qu’elle construit chaque matin à l’école est systématiquement détruit par un garçon de sa classe. Elle explique comment elle-même a appris à sa fille, de façon inconsciente, à ne pas faire preuve de colère face à cette injustice. Cette différence de self-control vis-à-vis des filles entraîne des problèmes de santé, entretient des frustrations et fait perdurer un système qui dévalorise leurs émotions.

Par ailleurs, la colère justifiée qui n’est pas traitée comme telle produit un sentiment d’injustice, de frustration, de stress, de l'anxiété, et une nervosité excessive. On estime à 30 % le nombre d'adolescentes qui souffrent d'un trouble de l'anxiété.

Le self-control imposé à votre fille tue son libre arbitre

Ce double-standard pousse les filles à croire qu’elles sont naturellement plus douces que les garçons et cela les conduit vers des métiers où cette qualité est requise comme les métiers du soin à la personne et de la santé qui sont moins rémunérateurs. En empêchant votre fille d’exprimer une colère justifiée, vous l’empêchez de croire qu’elle peut faire tous les métiers car elle n’aurait pas « ce qu’il faut ». 

La colère doit être gérée mais de manière égalitaire. Apprenez à votre fille à gérer sa colère lorsque son comportement n’est pas adapté.

Encouragez votre fille à exprimer sa colère justifiée

Pour que votre fille conserve tout son libre arbitre, sans vivre de frustrations inutiles, vous devez lui enseigner un modèle de self-control qui lui permet d’être compatissante, empathique mais aussi ambitieuse et capable de se mettre en colère si nécessaire.

Cela pourra éventuellement poser un problème lors de son entrée à l’école. Vous devrez être vigilant(e) si l’enseignant(e) de votre fille a tendance à l’empêcher d’exprimer des émotions qu’il ou elle ne juge pas convenables pour une fille, comme la colère, l’ambition ou le manque d’humilité. Parlez-en à votre fille pour savoir si elle a déjà été réprimandée à l’école sur le fait d’être agitée, turbulente, de parler trop ou trop fort, de montrer de la colère voire de l’agressivité. Décortiquez avec elle les événements qui ont conduit à ces réprimandes pour découvrir si elles étaient justifiées selon votre conception du self-control. Si vous considérez que votre fille a eu une réponse émotionnelle appropriée et qu’elle a pourtant été réprimandée par son enseignant(e), expliquez-lui qu’elle a le droit de continuer à avoir cette réaction et cette émotion.

En dernier recours, prenez rendez-vous avec l’enseignant(e) en question pour discuter du sujet des clichés sexistes qui l’empêchent d’enseigner la gestion des émotions de manière égalitaire aux filles et aux garçons.

Au fait...

Saviez-vous que dès l'âge de 6 ans, la plupart des filles pensent être moins intelligentes que les garçons?

C'est le résultat d'une enquête menée par des chercheurs en 2017.

Les petites filles manquent bien souvent de confiance en elles: découvrez comment révéler le potentiel de votre enfant.

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