Pour enseigner la patience à votre enfant tenez vos promesses
La patience de votre enfant ne dépend pas que de lui, elle dépend aussi de sa confiance en vous.
Vous avez déjà dû constater qu’il est difficile pour les enfants de patienter avant d’obtenir ce qu’ils veulent car le besoin de satisfaction immédiate est souvent plus fort. On dit qu’ils ont du mal à différer les gratifications. A vrai dire, différer une gratification est difficile pour tout le monde car cela implique d’avoir la volonté de ne pas profiter de quelque chose tout de suite pour le garder pour plus tard. Certaines populations rencontrent plus de difficultés que d’autres: les toxicomanes, les criminels, les personnes déprimées et…les enfants. Pourtant, vous avez tout intérêt à enseigner à votre enfant à être capable de différer une gratification car cela aura des effets à long terme sur sa vie. En tant que parent, vous jouez d’ailleurs un rôle très important dans la capacité de votre enfant à retarder les gratifications quand vous lui faites des promesses.
Qu’est-ce que la gratification différée?
Pour obtenir le calme ou faire patienter votre enfant, il se peut que vous lui fassiez miroiter une récompense: «si tu restes calme pendant mon coup de fil important, tu auras des frites à midi» ou «si tu te tiens bien dans le magasin, je t’achèterai un bonbon». Sans vous en rendre compte, vous apprenez à votre enfant qu’il a tout intérêt à patienter pour obtenir une gratification. La gratification différée c’est donc la capacité à attendre un certain temps pour obtenir une récompense. Cela peut paraître anodin mais la capacité d’un enfant à différer les gratifications a de nombreuses conséquences sur sa vie d’adulte. Cela a été prouvé par le test du chamallow.
Le test du chamallow pour les enfants sur la gratification différée
Il s’agit d’une expérience menée en 1972 où l’on proposait à un enfant de choisir entre manger tout de suite un chamallow posé à table devant lui, ou attendre un certain temps sans manger le premier chamallow pour en obtenir un deuxième. Le chercheur quittait alors la pièce pendant environ 15 minutes, puis revenait et donnait le 2ème chamallow aux enfants qui l’avaient attendu sans manger le premier. Cette vidéo vous montre le déroulé de l’expérience et la difficulté pour les enfants d’attendre le retour du chercheur sans manger le chamallow (certains ne résistent d’ailleurs pas). .
Grâce à des études de suivi des années plus tard, les chercheurs ont constaté que les enfants qui avaient été capables d'attendre plus longtemps pour obtenir une plus grande récompense (2 chamallows au lieu d’un) avaient tendance à avoir de meilleurs résultats dans la vie: meilleurs résultats scolaires, meilleur indice de masse corporelle (IMC), moins de prédisposition aux addictions (alcool, tabac, drogues), meilleure capacité à se projeter dans des réussites à long terme, etc.
L’importance de la gratification différée chez les enfants
Les recherches sur le sujet ont démontré que la capacité d’un enfant de 4 ans de retarder la gratification prédit des résultats positifs sur sa vie des années ou des décennies plus tard. A l’inverse, de manière générale, les enfants qui «échouent» au test du chamallow ne voient pas l’intérêt de fournir des efforts immédiatement pour obtenir un résultat à long terme, ce qui pose un problème évident dans la mesure où la plupart des résultats (apprendre une langue étrangère, faire du sport pour se muscler, épargner de l’argent pour le faire fructifier…) ne s’obtiennent pas du jour au lendemain. Sans aptitude à retarder les gratifications, votre enfant ne sera jamais enclin à fournir des efforts dont les résultats se voient sur le long cours et il aura tendance à abandonner facilement.
Il est donc très important d’apprendre à votre enfant à savoir différer les gratifications dès l’âge de 4 ans.
Votre enfant n’apprend la gratification différée que s’il a confiance en vous
La plupart des études expliquent que la capacité d’un enfant à retarder les gratifications dépend notamment de la maîtrise de soi et de la propension à la patience. La bonne nouvelle est que vous pouvez apprendre à votre enfant à se maîtriser et à être patient (vous verrez plus loin comment faire). Toutefois, VOTRE comportement a un impact non négligeable sur son apprentissage de la gratification différée. En effet, retarder une gratification n'a de sens que si votre enfant pense qu'il recevra effectivement la récompense retardée dans le temps. S’il a un doute sur le fait de recevoir une gratification, il fera un choix entre recevoir «un peu maintenant» et «peut-être davantage plus tard».
Une étude a démontré que la capacité des enfants à retarder les gratifications dépend de la confiance qu’ils ont a dans la personne qui promet la gratification. Lorsque des personnes qui n’inspirent pas confiance proposent une petite gratification tout de suite ou une beaucoup plus grosse plus tard, les cobayes prennent la petite gratification tout de suite craignant de ne pas obtenir la plus grosse gratification promise. L’adage «un tiens vaut mieux que deux tu l’auras» prend tout son sens et la capacité de votre enfant à retarder une gratification dépend aussi de la confiance qu’il a en votre parole.
Ne faites pas de promesses en l’air à votre enfant
Votre enfant actualise sa confiance en vous tous les jours en fonction de son expérience et de vos comportements antérieurs à son égard ou à l’égard d’autrui. Si un jour vous avez promis à un proche de lui apporter un gâteau et que vous ne l’avez pas fait, tout en vous excusant, votre enfant le retiendra et prendra cela en compte lorsque vous lui promettrez quelque chose. Remarque importante: si vous pensez que vous pouvez ne pas tenir votre parole parce que votre enfant aura oublié que vous lui avait promis un nouveau jouet la semaine précédente, détrompez-vous. Il n’oublie pas et il se souviendra que vous n’avez pas acheté le joué promis quand vous lui ferez une autre promesse.
C’est exactement comme dans le monde du travail: si vous avez l’habitude qu’un fournisseur ou client ne respecte pas ses engagements, vous finissez par ne plus travailler avec lui. La coopération de votre enfant (rester calme dans le magasin ou attendre la fin de votre appel téléphonique) dépend donc de la réalité de votre propre prestation (faire des frites à midi ou acheter un bonbon). Si vous ne tenez vos promesses qu’une fois sur deux, votre enfant arrêtera de coopérer avec vous, comme vous arrêtez de travailler avec votre client ou votre fournisseur. Vous pourrez trouver que c’est un caprice d’enfant, mais c’est en réalité la réaction de tout agent économique normal.
Apprenez à votre enfant à différer les gratifications
Retarder une gratification nécessite de fournir des efforts et de se maîtriser. Pour cela vous pouvez enseignez à votre enfant les vertus de l’effort en mettant en œuvre les conseils de cet article. Par ailleurs, une gratification ne peut être différée que si votre enfant fait preuve de patience et sait gérer sa frustration. Heureusement, cela s’apprend et nous vous expliquons comment faire dans cet article.
Comme nous l’avons vu vous devez également toujours tenir vos promesses car lorsque des récompenses sont promises mais ne sont jamais fournies, ou sont fournies de manière non conforme (un bonbon à la réglisse plutôt qu’un chamallow), les préférences pour la gratification immédiate augmentent chez les enfants.
Il n’y a d’ailleurs pas que votre comportement qui compte. Si un ami de votre enfant dans la cour de récréation n’a pas tenu sa parole à propos d’un jeu auquel votre enfant voulait jouer (et que ce comportement se répète), il perdra petit à petit confiance dans les autres enfants, même ceux qu’il ne connait pas. Sa méfiance générale envers les autres l’empêchera de retarder les gratifications ce qui entraînera des conséquences néfastes sur son avenir. Comme vous ne pouvez pas contrôler le comportement des autres à l’égard de votre enfant, vous devez être irréprochable lorsque vous lui donnez votre parole afin de reconstruire la confiance que votre enfant aura peut-être perdu envers les autres.
La force de l’exemple
Comme nous ne cessons de le dire: éduquer votre enfant revient à lui montrer le bon exemple. Montrez-lui que vous savez résister à la tentation en différant les gratifications. Par exemple, dites «Même si j’en ai très envie, je ne vais pas manger tout de suite cette part de gâteau qui sort du four. Je vais attendre un peu car je sais que c’est meilleur quand ça refroidit.» Vous pouvez aussi faire des concours de celui qui retarde le plus les gratifications.
Au fait...
Saviez-vous que dès l'âge de 6 ans, la plupart des filles pensent être moins intelligentes que les garçons?
C'est le résultat d'une enquête menée par des chercheurs en 2017.